Il parait que les hommes aiment les femmes mystérieuses… Je ne connais pas de femme plus mystérieuse que Vivian Maier. Cette femme fut une véritable énigme.
En 2007, John Maloof, cherchant des photos d’illustration pour un livre sur l’architecture de Chicago, achète aux enchères un énorme lot de photographies qui va changer sa vie. En effet, parmi quelques photos d’architecture, il découvre des clichés de photographie de rue d’une rare beauté. Se lance alors une enquête digne des plus grand polar pour retrouver l’auteur de ces clichés. Un peu plus d’un an après, John découvre alors l’existence de Vivian Maier. Ironie du sort, Vivian est décédée quelques jours seulement avant cette découverte, le 21 Avril 2009. John décide donc de retracer sa vie.
Vivian, née à New York en 1926, est issue de l’union d’une petite française et d’un autrichien. Elle vécue avec sa mère entre New York et le Havre. Puis adulte, elle revint vivre dans la grande pomme, puis à Chicago. Elle accumula les petits boulots jusqu’à devenir nounou, travail qu’elle fera une très grande partie de sa vie. Ce travail était pour elle un véritable choix de vie. Elle aimait transmettre. Elle aimait le contact des enfants qui lui permettait certainement d’avoir ce regard particulier. Elle aimait la liberté que cela lui offrait. Elle n’a jamais eu d’enfant à elle. Aucun compagnon de longue date lui est connu. Une vie solidaire d’une richesse extraordinaire. Et puis Vivian a voyagé à travers le monde, découvrant des paysages et des cultures extraordinaires.
Tout le mystère entourant Vivian Maier, repose sur le fait que toute sa vie, elle a photographié des scènes de rue, son quotidien, des auto-portraits. Toute sa vie, son plus fidèle compagnon était son appareil. Et pourtant… Durant son enquête, John retrouve des centaines et des centaines de films non développés et en proportion, peu de clichés tirés. Vivian prenait des photos. Elle observait les scènes. Elle prenait les clichés. Mais ne les regardait plus jamais. Il ne faut pas croire qu’elle ne s’intéressait pas à la photographie. Au contraire, elle possédait de nombreux ouvrages de ces pères et courait d’exposition en exposition.
Lorsque j’ai découvert l’histoire de Vivian, j’ai été subjuguée par la justesse de ses clichés. Par son regard. Par les sentiments que font naitre ces images. J’ai été happée par ce mystère autour de sa vie et les questions qu’il fait resurgir. Pourquoi n’a-t-elle jamais vu ses clichés? Pourquoi ne pas en parler? A-t-on besoin du regard des autres pour reconnaître ses clichés? Faut-il être narcissique pour être photographe? A l’heure du tout numérique et du partage à outrance, l’histoire de Vivian Maier résonne comme un rappel aux fondamentaux.
Cette histoire fait aussi ressortir d’autres questions. Vivian n’ayant jamais vu ses photos et ne les ayant jamais présentées, c’est John Maloof qui fait le travail d’editing. Certains retirent ainsi du crédit au travail photographique de Vivian. Pour moi, cela n’enlève en rien à la beauté et à la richesse de ces clichés.
Pour en savoir plus, quelques vidéos: ici, là (attention c’est la partie 1, faut trouver les deux parties suivantes) et la chaine officiel de John Maloof. Et surtout un livre, un autre et encore un autre (que j’ai hâte de vous faire découvrir).
pierre-marie
à signaler une exposition de quelques photos de Vivian Maier jusqu’au 21 décembre 2013. C’est à « Les douches la galerie » au 5 rue Legouvé 75010 Paris du mercredi au samedi de 14 h à 19 h.
Patrice
Belle histoire et je crois qu’il reste des pelloches à développer 😉
lcneige
c’est chouette.! J’aime beaucoup. Girl power et MF power un peu ça fait du bien 😉