On les voit partout ! Sur les brocantes et autres vide-greniers, dans les musées, chez les collectionneurs ou tapis au fond d’une vieille malle.
Un peu d’histoire
Les appareils photo à soufflet pliable (« folding ») symbolisent l’histoire de la photographie d’avant la seconde guerre mondiale.
Il existe des milliers de références de par le monde. Ces appareils ont rendu le format de film 120 très populaire. Nul besoin d’agrandir les films puisqu’un simple développement par contact suffisait à délivrer une petite image de 6 cm par 9 cm, dont on découpait les bords au ciseaux crantés pour donner un côté « vintage ».
Hélas, ils n’ont pas tous bien traversé le siècle et il n’est pas rare de les trouver un peu usés par le temps : soufflet percé, petits champignons peuplant les lentilles de l’objectif, obturateur bloqué, diaphragme paresseux, etc.
Il faut être bien vigilant sur ces points au moment de l’achat (quelques dizaines d’euros), surtout si vous souhaitez vous en servir pour faire des photos.
Pour ma part, la chance a voulu qu’une collègue de travail me confie pour quelques jours un superbe Agfa Billy Record 4.5 appartenant à ses parents (encore merci à eux !).
Je ne sais pas précisément de quand date cet appareil mais grâce à la Bible en ligne de Sylvain HALGAND (http://www.collection-appareils.fr), j’ai appris qu’il aurait été fabriqué avant la guerre, entre 1935 et 1940, le petit signe distinctif se trouvant au niveau de la clé de rembobinage.
Ses faces latérales sont laquées dans le plus pur style « Art Déco ». Un pur régal !
Le boitier en détail
- Origine : Allemagne
- Date de fabrication : entre 1936 et 1939
- Format de film : 120 (6 x 9 cm)
- Objectif : Anastigmat Apotar 105 mm
- Visée : 2 viseurs externes
- Cellule : non
- Mode(s) d’exposition : aucun
- Sélecteur d’ISO : aucun
- Vitesse : de 1 sec à 1/150 ème et poses T & B
- Retardateur : mécanique (10 sec)
- Compte-pose : regard inactinique
- Flash : aucun
- Poids : 600 g
- Dimensions : 16 x 8 x 3,5 cm
- Pile : aucune
- Couleur : noir
Dans la pratique
Comme pour beaucoup de ses homologues, le soufflet de l’appareil se déplie sans forcer en pressant un bouton sur la face latérale.
Il porte un objectif Anastigmat Apotar de 105mm, ouvrant de f4,5 à f32 (parfait pour les portraits et paysages).
En plus des poses B et T, il peut déclencher entre 1 seconde et 1/150e de seconde, ce qui offre une plage de travail suffisante à condition de charger un film peu sensible (50 ou 100 ISO), d’autant qu’il est impossible sur ce modèle de visser des filtres d’atténuation de la lumière.
Il ne dispose pas de mécanisme permettant d’éviter la multiple exposition, il faut donc penser à faire avancer le film d’une pose après chaque prise de vue.
La visée s’effectue de deux manières :
- soit par le viseur à prisme pivotant qui permet la visée ventrale, encore faut-il avoir de bons yeux !
- soit par le viseur « sportif », une sorte de double cadre en métal qui surplombe l’appareil.
Il faut alors coller son œil contre le plus petit rectangle, et le cadrage correspond à ce qu’on voit dans le plus grand rectangle.
La mise au point s’effectue « à l’aveugle » en tournant une bague de 1m à l’infini.
Lorsqu’arrive le moment de déclencher la première des 12 poses, et qu’en plus le cœur bat la chamade, il faut absolument armer l’appareil à l’aide d’un petit levier, et surtout se faire aider d’un déclencheur souple afin d’éviter les flous de bouger.
Quid de la lumière me direz-vous, comment la mesure-t-on ? Vous devrez vous munir d’une cellule séparée, ou de la cellule d’un autre appareil. Personnellement, j’avais rangé celle de mon smartphone bien au fond d’une poche afin de vivre pleinement ce moment sans aucun anachronisme…
Verdict
Vous l’aurez compris, utiliser un appareil de type « folding », c’est prendre le temps de le découvrir, de l’apprivoiser, de l’écouter… C’est aussi prendre le temps de choisir son sujet avec patience, de soigner le cadre.
La gestuelle est simple, presque émouvante. Personnellement, j’ai ressenti pleinement la magie de la « camera obscura » lorsqu’en pressant du pouce le déclencheur, la lumière a traversé l’objectif, puis le soufflet, avant d’impressionner le film.
Voilà, le Billy Record venait d’écrire une nouvelle page de son histoire !
J’avais promis à ce vieux papi une promenade dans le Paris du jardin des Tuileries. De cette petite ballade, nous avons ramené quelques clichés bucoliques à l’automne dernier…
En images…
Jazia Lacheraf Camenzind
Bonjour,
J’ai acheté un très ancien appareil Agfa à soufflet ( aucun nom de modèle sur l’objectif, seul la marque Agfa) qui ressemble à celui que vous présentez ici. Sur le dos de l’appareil il y a un gros « point » rouge qu’on peut ouvrir ou fermer avec un petit système coulissant. Pourriez -vous me dire à quoi correspond ce point rouge?
merci
roncalli
c’est pour voir le nb de vues restantes inscrites sur le dos papier de votre film 120 !!
Clem
Bonjour,
J’ai récupéré un appareil Agfa billy record, il ressemble au votre sauf que c’est le modèle 7.7. Il se trouve qu’une pellicule est toujours dedans mais je ne sais pas comment l’enlever, faut il réaliser une manipulation pour le développement ? Une autre question, combien de photo peut on prendre avec un film?
J’ai essayé de trouver des informations sur internet mais c’est assez difficile.
En tout cas vos photos sont très belles
Merci de votre réponse
Fred
@Clem, il faut appuyer sur la poignée (celle avec la lanière) et pousser. Attention toutefois, il faut que le film soit terminé sinon ça va voiler la pellicule. Les films en 120 sont des 12 poses donc prenez des photos jusqu’à ce chiffre (voir la petite pastille qui s’ouvre au dos de l’appareil). Vous pouvez commander des pellicules sur internet et des labos comme Kodak express développent ce genre de film. Vous trouverez leur site sur internet. J’aurai trop aimé avoir une pellicule anonyme dans le mien (waou).
Cannie
Bonjour,
Je commence une « aventure argentique » et Je viens d’acheter un Agfa Billy I avec viseur sportif , mais il manque le déclencheur souple…Est ce que je peux en trouver quelque part ? Merci pour vos conseils et réponses. A vous lire !
L'Agfa Billy Record, un témoin de son temps toujours fidèle.
[…] références : https://www.danstacuve.org/test-agfa-billy-record-la-sensibilite-de-nos-aines/, en français ; […]