Ah… le web… cet endroit magnifique où il nous arrive encore de trouver des perles rares. L’une de ces perles est : Spiral Camera. Cet entreprise très récente, gérée par Benoît Capponi près de Grenoble a été créée en 2015 et fabrique artisanalement des sténopés en bois… mais pas que. Essayons d’en savoir plus.
Quels sont les produits proposés par Spiral Pinole ?
- Sténopé : 10 euros. Ils sont vendus seuls. Il est possible demander une taille spécifique. (Dans Ta Cuve ! en a reçu un en test d’un diamètre de 0,26 mm de très bonne facture.)
- Appareil sténopé 4×5 : 135 euros
- Appareil sténopé 6×6 : 135 euros
- Appareil sténopé 6×7 : pas encore disponible
- Appareil sténopé 6×9 : 149 euros
- Appareil sténopé 24×36 : pas encore disponible
- Appareil sténopé panoramique 24×72 : pas encore disponible
- Châssis presse : de 195 à 265 euros. Ils sont construits en frêne et sont de tailles suivantes : 24×30, 30×40, A3+. Ils peuvent également être d’un format spécifique sur commande.
Le petit plus : il est possible d’effectuer une gravure personnalisée, idéal pour un cadeau.
Attention : les tarifs cités dans l’article peuvent être différents que ceux indiqués sur la boutique en ligne.
Nous en avons profité pour poser quelques questions à Benoît Capponi…
Bonjour Benoit. Peux-tu te présenter en quelques lignes s’il te plait ?
J’ai 48 ans. J’ai été enseignant (il y a longtemps !), puis j’ai travaillé dans le spectacle vivant pendant près de 20 ans. Pratiquée depuis que j’ai 10 ans, la photo a pris, il y a quelques années, de plus en plus de place, pour finir par devenir aujourd’hui ma seule activité professionnelle. Pour être précis, mon activité d’auteur photographe est entièrement analogique, et se limite presque exclusivement à mes travaux personnels : ceux dans lesquels ma liberté est totale. Depuis 2015, je complète ceci par des formations, stages, ateliers ou animations éducatives autour de la photographie, ainsi que par la fabrication d’appareils et d’accessoires pour les techniques anciennes, lentes, ou dites « alternatives ».
Comment a débuté l’aventure Spiral Photo ? Depuis combien de temps construis-tu des sténopés ?
Elle a débuté parce que je suis un photographe très lent, très soucieux de la matérialité de l’image, de son rapport au temps. D’où mon intérêt marqué pour l’argentique, le laboratoire, les procédés anciens, le sténopé, et pour tous les outils d’une photographie qui prend son temps. De plus, je suis soucieux de maîtriser toutes les étapes de la production d’une image : du choix de l’appareil jusqu’au tirage final. J’ai donc fondé Spiral pour porter l’ensemble de mes activités dans ce domaine, et en particulier une production artisanale d’appareils photo à sténopé. Je fabrique depuis longtemps des sténopés artisanaux pour mon usage personnel, mais il y avait un gouffre entre de la fabrication personnelle et une offre commerciale d’appareils photo : en franchissant ce pas, on doit proposer un objet parfait, fiable, reproductible en petites séries, et à un tarif cohérent. Je m’y préparais depuis maintenant presque deux ans, mais le tout premier modèle a été commercialisé au printemps 2015.
Pourquoi les sténopés ?
Je photographie beaucoup plus au moyen et au grand format, mais le sténopé était à la croisée de toutes mes activités : auteur photographe, formateur et animateur de stages et d’ateliers. Et je disposais des compétences et des moyens de production pour travailler le bois… Ce travail, pour peu qu’il soit une activité artisanale, est un immense plaisir : celui de fabriquer de ses mains un bel objet, d’utiliser son expérience de photographe pour optimiser son ergonomie, son usage, sa qualité, offrir un outil fiable et performant à ses futurs utilisateurs…
Aujourd’hui, je propose deux modèles au format 4×5 (le modèle standard, et un autre qui accepte également les dos Polaroïd, même les très épais), et un modèle pour film 120 au format 6×6. D’autres modèles sont en préparation.
Et puis, tu ne fais pas que des sténopés… J’ai cru voir des châssis presses…
Oui. Je pratique également les procédés de tirage par contact (platine, cyanotype…) et j’ai vite vu les limites du bricolage en termes de fiabilité, d’ergonomie d’utilisation, de durabilité, mais aussi de qualité d’image. Je me suis donc également mis à en produire, en mettant l’accent sur le choix des matériaux, la qualité de construction, la rigidité, la pression de la plaque… J’ai été d’ailleurs encouragé en cela par Disactis (la boutique spécialisée dans les procédés anciens), qui les propose aujourd’hui sur sa boutique en ligne.
Quels sont les essences de bois utilisées ?
Pour les sténopés, essentiellement du noyer. Je le choisis de qualité ébénisterie, en scierie, et je ne prends que des pièces brutes de sciage que je travaille ensuite entièrement moi-même. En plus d’être une essence bien adaptée à ce type de pièces, le noyer naturel huilé est visuellement très beau, et c’est un plaisir de le façonner en atelier ! Et, ce qui ne gâche rien, je peux me fournir facilement en bois local, puisque je vis dans une région qui n’en manque pas. La pièce d’obturateur est, de son côté, réalisée dans diverses essences, pour varier les esthétiques. J’ai utilisé du buis au tout début, et je travaille aujourd’hui surtout des fruitiers (poirier, pommier), et parfois du noyer.
Pour les châssis-presse, l’essentiel étant la rigidité et la solidité, c’est en frêne qu’ils sont construits. Certaines pièces peuvent être en châtaignier ou en noyer.
Quels sont tes projets futurs de création ?
Mon établi ne désemplit pas ! Je suis en train de finaliser trois nouveaux modèles de sténopé : un modèle pour film 120 capable de faire 6×9 ou 6×6, et deux modèles pour film standard, en cartouche 135, l’un au format 24×36 (il est tout petit ! ) et un panoramique 24×72. Tous existent déjà sous forme de prototype, il ne me reste qu’à multiplier les tests.
Je réalise parfois des insoleuses sur commande, des appareils sur mesure, et je finalise un prototype de camera minutera qui me servira pour mes animations et ateliers, dans un premier temps.
Ton travail nous intéresse. Comment fait-on pour te contacter ?
Par mail, rien de plus facile via le site de Spiral Camera : http://spiralcamera.com
Pour plus d’info, le site donne également des liens vers les pages Facebook, Tumblr, Twitter ou compte Instagram sur lesquels on peut voir des images. Physiquement, j’essaie d’être présent lors de foires photo, surtout en région Rhône-Alpes.
RenéBurles
Techniquement depuis au moins l’époque de Butades, Léonard de Vinci était trop occupé à tout commencer sans jamais rien finir pour songer à fixer l’image. Mais n’empêche que c’est pas évident d’en fabriquer soi-même un qui tienne la route, et j’en parle d’expérience. C’est le genre d’objet qui me tente rien que pour le plaisir de la matière, et aussi le fait de pouvoir l’emmener facilement et de pouvoir faire des chouettes photos n’importe où.