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Ils ont la parole

Dans ton regard avec Frédéric Sartiaux

Crédit Photo : Frédéric Sartiaux

Cette nouvelle rubrique va essayer d’amener une vision de la photographie légèrement différente à ce que nous voyons actuellement sur le net, voir même dans des magazines.Chaque auteur va pouvoir s’exprimer librement sur l’un de ses clichés. Que cela soit émotionnel, technique ou autre raison tellurique, l’auteur essayera de répondre à une question, non loin d’être évidente … Pourquoi cette image ?

Il y a quelques temps déjà, vous aviez pu faire connaissance avec le travail de Frédéric Sartiaux dans un précédent article, puisqu’il nous avait fait le plaisir de partager son sac photo avec nous. Il revient désormais parmi nous afin d’inaugurer cette nouvelle rubrique.

 

Crédit Photo : Frédéric Sartiaux
Crédit Photo : Frédéric Sartiaux

 

« Auteur et photographe depuis une dizaine d’années, j’ai ressenti le besoin  il y a un peu plus d’un an, de me réapproprier un autre temps photographique… Un peu perfectionniste, amoureux des beaux objets, j’ai très rapidement pensé moyen format… Et tout a commencé par un coup de cœur lorsque j’ai découvert ce beau Mamiya C 220 et son 80 mm sekkor trônant fièrement entre quelques Leica M et autres Hasselblad dans la vitrine d’un magasin photo de Dijon comme on en fait de moins en moins.
Son état proche, très proche, du neuf me faisait passer à l’acte sans autre moment d’hésitation.
En l’achetant, je savais ce que je voulais en faire… Etre lors de ces moments photographiques argentiques en adéquation avec ma philosophie de vie… Aller à l’essentiel, « se contenter » de l’essentiel, se défaire des gadgets et autres éléments d’assistance que le marketing nous vend à tour de bras… Mon Mamiya C 220 c’est en photographie, un peu la même chose que ma passion pour les voitures de sport anglaises avec un gros faible pour Lotus et la devise de son génial fondateur Colin Chapman : « Light is right »… Alors si je rêve d’une Lotus Seven parce qu’elle nous ramène à l’essence de l’automobile sans ABS, correcteur de trajectoire et autre limitateur de vitesse, le travail au moyen format me donne lui aussi le sens de l’essentiel…
Un autre temps… Celui de la réflexion, également du plaisir presque sensuel de manipuler l’objectif pour choisir vitesse et diaphragme, d’armer… Puis en retenant son souffle, en ayant peaufiner le cadrage, le plaisir de déclencher discrètement…
On travaille différemment en argentique qu’en numérique, c’est tout… il n’existe dans cela aucun snobisme juste le désir d’un autre langage…
Cette photo prise le long du port du canal à Dijon est aujourd’hui l’une de mes expressions les plus pertinentes de ce désir d’argentique. Ma première satisfaction a été constituée par les réactions de ceux qui l’ont vue… Tous, unanimement, ont été très étonnés d’apprendre que cette photo a été prise à l’automne 2013, un matin de brouillard épais…
Cette photographie réunit et concilie deux paradoxes qu’on imaginerait antinomique : saisir un instant précis, fatalement éphémère et tendre à une intemporalité qui égare celui qui la découvre… En cela, j’estime avoir atteint au moins partiellement mon but… Faire sortir de notre réalité pour que chacun s’approprie celle de cette photographie en lui faisant perdre ses repères de temps… Déclencher l’imagination… C’est en cela que réside pour moi la force du noir et blanc et peut-être de cette photographie.
Cette photo n’a strictement  rien de prémédité. Je m’étais juste dit que cette brume me donnerait peut-être une opportunité de prise de vue… Et en fait tout est allé très vite… J’ai eu l’étrange sentiment de me retrouver quelques instants dans le temps du reportage, celui de la rapidité…
J’ai juste anticipé le tableau qui s’offrirait à moi durant seulement quelques instants… Les berges du canal, un passant offrant du pain aux canards du coin… et au loin la silhouette s’approchant avec lenteur d’une péniche…
Chance étonnante : le marinier a eu l’idée, sans doute en raison de la visibilité réduite, de se placer à l’avant de la péniche… Sans sa silhouette, la photo aurait bien moins de force.
Le temps de m’accroupir, de réaliser rapidement ma mesure d’exposition… Puis le sentiment assez jubilatoire, ce qui est très rare chez le perfectionniste-éternel insatisfait de mon travail que je suis, de fixer sur la pellicule une photo qui « fonctionne » dans son intégralité…
Une composition où chaque acteur-figurant tenait son rôle… Une vraie joie… Cela doit être cela le bonheur photographique…  « 
Merci beaucoup Frédéric Sartiaux de nous avoir fait profiter de cette superbe histoire photographique.
Si vous aussi, vous souhaitez vous prêter au jeu de « Dans ton Regard ! », n’hésitez pas à nous envoyer par mail :
  • Une image argentique (de ton choix),
  • Un texte

 

7 comments
  1. Patrice

    Belle photo en effet et texte intéressant sur la réflexion du photographe entre le côté pro et le côté plaisir où chacun des deux mondes disposent de ses outils. Au final, c’est le résultat qui compte et là ça marche super bien.
    Puis bon entre amoureux de belles anglaises… 😉

  2. Stofcri

    Je ne suis qu’un petit amateur, fan de photographie argentique et de bel appareils ( en fer et bien lourd hein ! ), mais cela ne m’empêche pas de vibrer à la vue d’une telle image. Quand je vois cela, j’espère que le film argentique ne mourra jamais !
    Merci à « dans ta cuve » de nous faire partager tant de talents !

  3. Frédéric Sartiaux

    Merci à tous pour vos commentaires. On est parfois satisfait d’un photo. Satisfait non pas égoïstement pour soi mar par « le plaisir » que ceux qui la regardent trouvent. La photo, c’est d’abord du partage et des émotions. Merci à tous. Hélène, mon site Internet est en plein chantier. Je pense qu’il sera à nouveau accessible d’ici 15 jours.

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